Autisme : faut-il dépister plus tôt ?

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prog45465La ministre déléguée aux personnes handicapée vient d’annoncer, le 3 mai, son Plan Autisme pour la période 2014 – 2017. Au cœur de ce projet : un meilleur dépistage. Car si l’autisme ne se soigne pas, plus il est pris tôt, mieux on peut agir efficacement, et ainsi permettre à l’enfant de grandir le plus sereinement et le plus « normalement » possible.

L’autisme est en effet un trouble du développement neurologique. Ce n’est pas un trouble du comportement, psychique ou de la personnalité, mais véritablement une maladie physique avec laquelle on naît. De fait, le détecter très tôt est primordial pour accompagner l’enfant dès le départ, alors qu’un dépistage tardif permet à une multitude de symptômes d’apparaître, souvent irréversibles : malaise profond en société, déficience verbale, difficultés sensorielles…

« Le diagnostic de l’autisme peut être établi avant l’âge de 30 mois », explique  Blandine Guettier, pédopsychiatre. « Nous développons donc au maximum les dépistages précoces quand nousprog45187,19 voyons des enfants qui sont peu en interaction avec leur entourage, et dans la mesure du possible avant l’entrée à l’école maternelle, avant 2 ans et demi. Mais c’est difficile, faute de moyens, faute de centres de dépistage en nombre suffisant, et faute de personnel spécialisé : la plupart des autistes sont identifiés de manière formelle vers l’âge de 6 ans, rarement avant. »

« Notre fils était un bébé modèle, d’une sagesse exemplaire », témoignent Pascale et Nathanaël. « Il dormait bien, ne pleurait jamais, mangeait sans problèmes… le pédiatre nous disait de ne pas nous inquiéter, mais il avait un drôle de regard, toujours en l’air, toujours perdu, et refusait les câlins, ce qui nous perturbait. Finalement on l’a emmené dans un centre de ressource autisme, qui diagnostique 11 000 enfants par an… Ils ont confirmé notre pressentiment. »

prog45021,11Intervenir auprès de l’enfant dès 18 mois, c’est donc crucial. Mais il faudra que les professionnels de santé soient encore mieux formés. Il faudra aussi que les effectifs soient largement renforcés dans les Centre de Ressource Autisme (CRA) et les Centres d’Action Medico-Sociale Précoce (CAMSP). Enfin, il ne faut pas oublier qu’on est autiste jusqu’à la mort, et qu’un enfant autiste devient un adulte autiste. Il faudra donc absolument créer des structures pour accompagner les familles et les patients tout au long de leur existence et diversifier les modes d’accueil, du temporaire au permanent. Tout cela suppose, une fois encore, du personnel nombreux, et formé.

« Plus le diagnostic est précoce, plus vite on peut entamer l’orthophonie, la psychomotricité, la méthode comportementale… Dépister au plus vite, c’est donc rendre service au patient, mais aussi au corps médical, qui pourra établir des protocoles thérapeutiques d’autant plus efficaces qu’ils seront réfléchis tôt. Et enfin, c’est rendre service à la collectivité, car plus on attend, plus cela coûte cher de prendre l’autisme en charge » confirme Danièle Langloys, présidente d’Autisme France.

Enfin, le plan Autisme 2014 – 2017 prévoit une plus grande sensibilisation des travailleursprog45524,39 sociaux, des chercheurs et des enseignants, à cette question qui touche aujourd’hui entre 250 000 et 600 000 personnes en France. « On ne s’improvise pas pédagogue auprès d’un enfant autiste », explique Sylvie Kozak, chercheuse sur le sujet. « On parle d’ailleurs ‘d’éducautisme’ pour décrire la problématique. Tout l’apprentissage doit être axé autour de l’aide à la communication. Ces enfants sont déconcertants, ils paraissent indifférents aux autres, fuient le regard, font les sourds, parlent sans cesse du même sujet, ont des crises de larmes, hurlent, se jettent à terre, s’automutilent, ne supportent pas qu’on change leurs habitudes… Il faut donc absolument former de manière très précise tous ceux qui s’occupent d’eux, pour répondre à leurs besoins spécifiques ».




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