Greffes : une année 2015 encourageante

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11L’année 2015 a été une bonne année, pour l’Agence de Biomédecine française, qui a enregistré une augmentation du nombre de greffes… au-delà de ses espérances : 5746 organes ont pu être greffés, soit une augmentation sensible de + 7% par rapport à 2014. De nouvelles possibilités de prélever des organes et tissus à partir de donneurs décédés et vivants ont multiplié les sources… Les mentalités évoluent aussi : « d’abord, notre communication a été meilleure, et nous avons été mieux entendus, mieux compris par le grand public. Du coup, de très nombreuses personnes ont franchi le pas d’exprimer officiellement leur position auprès de leurs proches, de leur famille, de leurs amis, vis-à-vis du don d’organe. Ils ont été très nombreux à formaliser leur volonté d’être donneurs en cas de décès, à prévoir l’hypothèse et à le signifier expressément autour d’eux », explique le Professeur Olivier Bastien, Directeur Prélèvement Greffe organes-tissus à l’Agence de la Biomédecine. « D’autre part, au-delà de cette médiatisation réussie, il y a une vraie progression dans notre travail d’organisation et d’efficience des équipes de prélèvement et de greffe au niveau des blocs opératoires ».

 

5Autre bonne nouvelle : l’augmentation des greffes touche tous les organes, notamment le cœur, en hausse de 11.3%, mais aussi le rein, +7.9%, ou encore le foie, en hausse de 5.9%. « Cela signifie clairement que le plan greffe 2012 – 2016 atteint ses objectifs avec un an d’avance, c’est extrêmement satisfaisant », reprend le Professeur Bastien. « 7% de plus, pour les dons, pour vous donner une idée, cela représente 389 greffes de plus qu’il y a un an. Notre objectif était d’atteindre les 5700 transplantations d’ici fin 2016. Nous avons dépassé ce chiffre de 46 donneurs. C’est inespéré, et si cela continue ainsi, nous aurons pu sauver bien plus de vies que prévu, avant la fin de l’année ».

 

9Ce qui a aussi très clairement favorisé les dons, en 2015 : l’évolution des règles pour le prélèvement d’organes. Ainsi, depuis 2007, les personnes en arrêt cardiaque n’ayant pas pu être réanimées, ou encore les personnes en état de mort cérébrale irréversible, peuvent être prélevées pour une transplantation à un receveur en attente. Mais il restait un vide juridique, concernant les personnes décédées d’asphyxie, et pour lesquelles l’état du cerveau, forcément endommagé, rendait inutile un acharnement thérapeutique. L’arrêt des soins et donc, du cœur, ne permettait pas pour autant aux médecins de prélever les organes : « même si c’était légalement possible, aucun praticien ne s’y risquait, par précaution, car cela restait très délicat d’un point de vue juridique, faute de texte clair sur ce cas précis. Aujourd’hui, l’Agence de Biomédecine met à disposition des médecins un texte très clair, de plus de 150 pages, sur cette problématique particulière. Une liste de bonnes pratiques qui permettent aux équipes de soins et de prélèvement de faire les choses dans les règles de l’art et surtout, de l’éthique française. Cela a sans nul doute permis d’augmenter les dons, car finalement, la mort cérébrale à l’hôpital, qui permet d’intervenir en moins de 3 heures après la mort pour le prélèvement d’organes, reste un cas de figure rare : seulement 9 patients décédés sur 1000 », poursuit le Professeur Bastien.

 

8Atteint de mucoviscidose, Bastien*, par exemple, a pu être greffé des poumons en 2015 grâce au don d’une victime d’intoxication au monoxyde de carbone. Le jeune homme n’en revient pas d’avoir pu être transplanté si vite, alors qu’il pensait devoir s’armer de patience, pour une très longue attente : « Je suis tout simplement reconnaissant », raconte-t-il. « C’est une nouvelle vie qui m’a été offerte, et je trouve cela génial que des gens fassent des dons comme ça, parce que sans eux, je n’aurais jamais eu la possibilité de vivre normalement ».

 

480% des Français se disent favorables au don d’organe. Mais au moment fatidique, on enregistre encore 32% de rejets. La sensibilisation demeure donc nécessaire, même si un projet de loi attendu pour 2018 devrait faciliter encore un peu plus les prélèvements, qui deviendront systématiques… sauf si le donneur potentiel s’est enregistré sur le registre national de refus du don d’organe.

 

* le prénom a été changé pour respecter l’anonymat du donneur

 

 




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