Petite enfance, aide aux seniors, santé à domicile : l’inquiétude des professionnels du service à la personne

Temps de lecture : 5 minutes

112,4 millions d’élèves ont fait leur rentrée scolaire hier, une période de « boom » pour les professionnels des services à domicile, hyper sollicités pour trouver une nounou, une femme de ménage, une aide aux devoirs etc… Tandis que, dans le même temps, la population française vieillit et que les demandes explosent pour des aides à domicile spécialisés dans l’assistance aux personnes âgées, encore plus en ces périodes de très fortes chaleurs qui sont dangereuses pour les seniors. Pourtant, le secteur du service à domicile vit une vraie crise en ce moment, et tire la sonnette d’alarme.

 

5 jobdatingPremier problème : le recrutement. Les patrons n’arrivent pas à embaucher suffisamment de monde pour satisfaire aux besoins de leurs clients. Résultat : cette branche de l’économie française, qui devrait vivre une période de pleine croissance, souffre du manque de main d’œuvre. Des dizaines de postes en CDI à pourvoir, et malgré cela, des candidats qui ne répondent pas assez souvent aux exigences de ces métiers qui demandent un vrai savoir faire. En France, le secteur représente près de 2 millions de salariés. Mais il en faudrait quasiment le double dans les 10 ans qui viennent. Or, seulement 4% des candidats peuvent au final être retenus par les recruteurs pour leurs compétences. A Toulouse par exemple, l’agence O2 spécialisée dans le service à la personne et leader du secteur en France, voudrait pourvoir au moins 100 nouveaux postes pour ce mois de septembre 2016. Babychou, son concurrent, publie 50 postes sur la ville rose, tandis que la municipalité en offre 350 ! Entre 2015 et 2016, dans l’Hexagone, Pôle Emploi a proposé près de 1400 offres de travail rien que pour la garde d’enfants.

 

6« Malheureusement, c’est une pénurie qui dure depuis maintenant quelques années et qui va en empirant, parce que dans le même temps la demande des parents ou des proches de personnes âgées, les besoins des familles pour une aide ménagère, ne tarissent pas », explique Baptiste Rocher, directeur d’une agence de service à la personne au Mans (72). « Et puis ces dernières années, le métier a changé. Auparavant n’importe quelle maman au foyer pouvait postuler et était retenue. Aujourd’hui, on leur demande un CV avec beaucoup d’expérience, on leur demande de posséder des diplômes de formation au secourisme, voire le BAFA, et de passer des tests avant l’embauche. Car si la demande des parents 2augmente chaque année un peu plus, leurs exigences aussi et nous devons les satisfaire. Malgré cela, nous ne pouvons pas proposer une rémunération plus élevées que le SMIC, c’est une des raisons qui rendent les services à la personne peu attractifs. Mais il y a toujours la possibilité de cumuler plusieurs métiers dans plusieurs familles, aide à domicile, garde d’enfant, aide ménagère, pour qu’à la fin la rémunération nette soit plus élevée ». Les étapes à franchir sont nombreuses. Ce matin là dans l’agence de la capitale de la Sarthe, un grand « jobdating » est organisé. En deux heures seulement, 11 candidatures sont enregistrées, 3 sont recalées, 8 seront rappelées pour des tests supplémentaires.

 

10L’autre problème rencontré par le secteur concerne plus spécifiquement le domaine de la santé : là encore, avec le développement à toute vitesse de la chirurgie ambulatoire, qui permet d’opérer un patient sur la journée et de le renvoyer chez lui, pour désencombrer les hôpitaux et réserver les lits aux malades qui en ont le plus besoin, le service à domicile spécifiquement adapté aux besoins des patients rentrés chez eux (infirmière à domicile, aide soignant, auxiliaire de vie…)  rencontre un succès exponentiel, avec des demandes qui affluent de la part des particuliers. Mais les principales fédérations du secteur, la Fédération des Prestataires de Santé à domicile (PSAD), le Syndicat National des Prestataires de Santé à Domicile (SNADOM), l’Union des Prestataires de Santé à Domicile Indépendants (UPSADI), le Syndicat des Prestataires de Dispositifs Médicaux (UNPDM) ou encore les pharmaciens, ont 9 machine insuffisance respiratoireécrit ce mardi 30 août 2016 une lettre ouverte à la Présidence de la République, après la publication d’un avis du Comité économique des produits de santé (CEPS) qui suggère une baisse radicale de la grille tarifaire de remboursement des dispositifs nécessaires au maintien à domicile et inscrits sur la LPPR (Liste des Produits et Prestations Remboursables, pour plus de 200 millions d’euros par an. Autrement dit : les prestations de soin à domicile (surveillance glycémique pour les diabétiques, injections médicamenteuses, pansements, nutrition orale et entérale, transport en ambulance…) et le matériel de soins (apnée du sommeil, fauteuil roulant, lits médicalisés, chaussures orthopédiques…) ne seront plus remboursés à la hauteur des tarifs pratiqués actuellement et remboursés par la Sécurité Sociale, mais très en dessous.

 

7« Le CEPS s’apprête, dans l’urgence, à sacrifier le secteur de la prestation de santé à domicile et à mettre fin au virage ambulatoire », écrivent les professionnels qui dénoncent « un avis de déremboursement totalement inédit par son ampleur et ses conséquences ». Des baisses, que le secteur juge inabsorbables financièrement, tant pour les officines pharmaceutiques que pour les entreprises de prestations de santé à domicile, ou pour les associations d’aide à la personne. En clair, si les 250 produits et prestations visés par cette baisse des remboursements venaient effectivement à être moins bien pris en charge, non seulement « cela asphyxierait le secteur » et menacerait des milliers d’emplois sur l’ensemble du territoire, mais cela pénaliserait aussi en première ligne les patients les moins aisés qui ne bénéficient pas de mutuelles complémentaires pour absorber la différence. « Plus d’un million de patients de pourront plus disposer du même niveau ni de la même qualité de traitement qu’aujourd’hui », indique la lettre ouverte rédigée à l’intention de François Hollande.

 

 




0 commentaire

A lire également

Ce site utilise des cookies pour vous offrir le meilleur service. En poursuivant votre navigation, vous acceptez l’utilisation des cookies.En savoir plusJ’accepte