Sages-femmes : deux ans après le début du combat… l’amertume

Temps de lecture : 5 minutes

bebeSur les placards de leur salle de repos, au dessus des bureaux, en fond d’écran des ordinateurs : les photos, les coupures de presse, les mails de soutien accumulés depuis deux ans. Autant de traces d’un combat qui, aujourd’hui, n’a laissé que peu de traces, hormis les gros titres de l’époque, dans les journaux. « Sage-femme, le plus beau des métiers », peut-on lire ici. Ou « Sages-femmes en grève : cigognes, mais pas pigeons ! », ailleurs. Article illustré par cette photo, où elles posent nues, derrière une banderole, pour marquer le coup. Quand on leur demande de commenter, il y a de la nostalgie, derrière le sourire. De l’amertume dans le haussement d’épaules. Et les regards sont fatigués. Lassées, elles le sont toutes. Par le sentiment d’un bras de fer stérile avec le Ministère de la Santé.

 

Sage-femmeAlors que la loi Touraine connaît les heures cruciales de l’examen par les députés, en ce mois d’avril quasiment estival, elles ont l’impression d’être les grandes oubliées. « Oubliées de tous, en fait. Du gouvernement, mais aussi de nos pairs, médecins, qui ne sont descendus dans la rue que pour défendre leurs privilèges, pas pour nous épauler. Au contraire, ils nous méprisent ! Oubliées de l’opinion publique, aussi, qui nous soutient dans l’absolu, mais qui n’y pense plus dès que les médias arrêtent de parler de nous », confie une sage-femme de la maternité Jeanne de Flandres, à Lille, qui « préfère rester anonyme, parce qu’on en a suffisamment pris plein la figure par nos charmants collègues obstétriciens, qui ne supportent pas l’idée que nos compétences soient davantage reconnues, et qu’on puisse leur faire de l’ombre ! »

 

statutCertes, il y a eu une revalorisation de grille salariale : aujourd’hui, les sages-femmes ne sont plus dites « de classe normale » ou « de classe supérieure », mais « des hôpitaux de grade 1 ou 2 »… ce qui représente, en moyenne, dans les trente euros de plus par mois. Pas vraiment Byzance… Le statut tant espéré, tant revendiqué de praticien, en revanche, reste pour l’instant un doux rêve à caresser… Pire, l’avenir des sages-femmes, en particulier libérales, est de moins en moins rose : elles sont nombreuses à se dire scandalisées par le projet de loi Santé, qui prévoit de confier les IVG (interruption volontaire de grossesse, ou avortement), à celles qui pratiquent en cabinet en centre-ville, pour désengorger les services hospitaliers saturés. Le tout, sans la moindre compensation, une fois de plus.  « On n’ose pas imposer aux médecins de s’organiser pour mieux gérer les IVG dans leurs services, alors les premières que l’on trouve, c’est cette espèce de profession médicale dont on se souvient de temps en temps qu’elle existe, pour se dire qu’elle va sortir tout le monde d’une mouise épouvantable, et répondre à cette demande qui n’est pas négligeable ! », lance Janique Costa, très médiatique et très engagée sage-femme libérale, réputée pour son charisme et son franc-parler.

 

sage_femmesEn ce début avril 2015, nouvel affront pour les blouses roses : plusieurs syndicats de médecins libéraux protestent contre leur entrée dans la classification commune des actes médicaux (CCAM), qui devrait être officialisée au Journal officiel à la fin de l’année, pour devenir applicable dès  début 2016. En juin 2014, les chirurgiens-dentistes ont, eux, pu accéder à la CCAM sans provoquer le moindre remous, mais pour les sages-femmes, c’est une autre histoire… alors qu’elles représentent la dernière profession médicale à ne pas pouvoir facturer comme toutes les autres. Aujourd’hui, en demandant une nomenclature de la CCAM qui serait écrite spécialement pour les sages-femmes, en instaurant une hiérarchie dans laquelle elles représenteraient une « sous-catégorie », les médecins enfoncent le clou, celui là même qui blesse tant les maïeuticiennes : un sentiment de mépris, et d’humiliation permanente.

 

echo« La CCAM a été calculée pour les médecins en prenant en compte la pénibilité, la technicité, le temps de travail, la formation. Utiliser cette CCAM pour les sages-femmes ne peut pas convenir, puisqu’elles n’ont tout simplement pas la même compétence technique ni la même responsabilité qu’un gynécologue obstétricien, ou qu’un médecin en général », explique le Docteur Patrick Gasser, président de l’UMESPE (Union Nationale des Médecins Spécialistes). « Un accouchement fait par une sage-femme ne vaut pas le même prix qu’un accouchement réalisé par un chirurgien obstétricien. S’il y a un problème en cours de parcours, le chirurgien est tout de suite apte à intervenir pour faire sortir le bébé, tandis que la sage-femme doit appeler le médecin », complète, de son côté, le Docteur Éric Henry, président du SML (Syndicat des Médecins Libéraux) « C’est une dénaturation de la CCAM médecin et un nivellement par le bas », analyse enfin le Docteur Benoît Feger, président de la branche spécialiste de la Fédération des Médecins de France, dans le Quotidien du Médecin.

 

diplomeDu côté de l’Organisation Nationale Syndicale des Sages-femmes, on rappelle les 5 ans d’études médicales nécessaires au diplôme… On souligne aussi que cette entrée dans la CCAM, qui constituait au départ une avancée, a fini par tourner au camouflet… un de plus. Puisqu’elle ne signifie pas pour autant, hélas, une reconnaissance élargie des compétences des sages-femmes. « On pourra coter comme les médecins des actes que nous pratiquons déjà, qui sont dans nos compétences, et auxquels nous sommes formées », rappelle Caroline Raquin, présidente de l’ONSSF. « Cela permettra, au mieux, de régulariser la situation des libérales, cela ne changera rien pour celles qui exercent à l’hôpital. La plupart des sages-femmes sont aujourd’hui désabusées, écoeurées de n’être comprises ni par les politiques, ni par leurs confrères médecins, ni par leur hiérarchie. Alors que le champ de leurs compétence, du suivi de grossesse à la prévention, et bientôt, donc, aux IVG, ne cesse de s’élargir. Sans jamais être reconnu ».

 

 




2 commentaires

arnould le 30 mai 2015

Bonjours,

Je ne suis pas sage-femmes mais auxiliaire de puériculture ces vraiment dommage toutes cette polémique et n’ont reconnaissance des sages femmes car elle font vraiment un métier super.
Elles doivent être partout à la fois,assumée tout les petits tracas les soucis des mamans.
Y a des fois des parents qui ne sont pas toujours très sympa avec elles.Comme ils ne sont pas plus sympa avec nous.
Et suivant la maternité ou l’on travaillé quand il y a un problème relationnelle entre personnelle et violence.
La cadre principal qui est normalement là pour gérer les soucis entre personnel va vous répondre que ces à la sages-femmes de service de gérer le soucis relationnelle entre collègues.
Je ne pense pas vraiment que les médecin gynécologue obstétricien veulent jouées la guerre entre les sage-femme et eux.
Après ci il y a une véritable guerre entre ces deux professions,il faut voir du cotée de la cadre principal qui ne soutient pas toujours sont personnel tout métier confondu et surtout quand elles à c’est tête favoris et je sais de quoi je parle.
C’est tête favoris vont avoir raison même si elle ont tord.
Bref je me suis un peu égaré mais pour dire que les sage-femmes dans certaines maternités devrais avoir une reconnaissance élargie et puisqu’elles doivent assumer prendre le rôle de la cadre principal elles devraient avoir une rémunération en conséquence.
J’ai étais accouchée par une interne et une sage-femme et elles ont toute les deux travaillée mains dans la mains ce jours là qui de plus était un jours très particulier puisque c’était le jours de noël.
A mes coté il n’y avait pas d’aide-soignante ni d’auxiliaire de puériculture juste la sage-femme et l’interne.
Et franchement je n’aurais pas supporté qu’il y et des millier de personne dans la salle d’accouchement.
Nous étions que toute les 3 est c’était très bien comme ça.
Après quand ces un accouchement qui roule comme sur des roulettes avec une délivrance naturelle s’en besoin l’utilisation d’instruments les sages-femmes sont en mesure d’agir seul avec l’aide d’une auxiliaire de puériculture ou d’aide-soignante ou une infirmière pour la servir.
Mais pour moi c’est plus la place d’une infirmière en salle de naissance au coté de la sages-femmes car l’auxiliaire à des compétence qu’elle ne peu pas avoir.
Au moment de la délivrance nous ne savons pas vraiment si bébé va descendre tout seul ou s’il il va falloir d’instrument pour l’aidais au lieu d’agir en guerre il faut travaillée en harmonisation pour le bien des futurs mamans et après elle n’ont pas le droit de faire des échographie à part si elle sot DU échographie.
Messieurs,Dames arrêtez cette guerre par contre agissais pour que la cadre principal soutienne sont personnel tout confondu surtout qu’elle est la première avec le chef
de la bonne ambiance dans le service.
Si sa peu rassurer ces dames sages-femmes il y a aussi la guerre entre les auxiliaire de puériculture et les aides-soignante.
Et en plus quand l’agent de service hospitalier s’en mêle je n’ose pas en parler ces horrible.

Jcop le 13 mai 2015

Effectivement, tout le monde nous oublie… heureusement que Jobvitae est là pour faire des article régulièrement sur les sages-femmes ! Merci pour ça, vous êtes un des seuls sites, voir d’ailleurs le seul, que je connaisse qui traite de l’univers médical et qui soit aussi exhostif, aussi à la page, toujours bien sur l’actualité, les métiers. j’adore lire vos billet hebdos et franchement, je vous remercie encore une fois de parler de tout le monde, de toutes les professions du secteur, et pas seulement des médecin qui pour le coup ont été en dessous de tout nous concernant. Vous êtes objectifs, pas langue de bois, complets, précis, agréables à lire et j’en passe. Bref je suis fan ! Continuer ainsi

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