France : faut-il avoir peur du virus Zika ?

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1Les mauvaises nouvelles ne cessent pas d’arriver en France, concernant le virus Zika, celui qui fait tant de ravages auprès des femmes enceintes et de leurs futurs bébés, aux Antilles et en Amérique Latine. D’abord, les scientifiques français viennent de confirmer le lien entre Zika et le syndrome de Gillain-Barré, cette rare et grave maladie neurologique auto-immune : le nombre de cas aurait en effet été multiplié par 17  pendant l’épidémie de Zika qui a déjà frappé entre 3 et 4 millions de personnes sur le continent américain, selon l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes, à l’Institut Pasteur à Paris.

 

8La conclusion qui s’impose, c’est que ce virus ne présente pas seulement un danger de grave malformation congénitale, la microcéphalie, pour les embryons, les fœtus et les bébés : on sait désormais qu’il peut infecter tout le monde et provoquer des dommages neurologiques irréversibles. Ensuite, ces mêmes scientifiques confirment que Zika est bel et bien en train de devenir une réelle menace pour le sol français, en métropole : dans son dernier rapport, publié ce lundi 29 février 2016, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) estime que « les conditions sont réunies pour une arrivée en France métropolitaine d’un nouveau virus, le zika, proche de ceux de la dengue et du chikungunya ». Bref, les voyants sont au rouge… Faut-il, alors, se préparer au pire ?

 

6Disons que, en tout cas, il vaut mieux être prudents : dans le document du HSCP, on peut clairement lire noir sur blanc que « les conditions pour une transmission autochtone du virus zika sont réunies dans les départements de métropole française où le moustique vecteur, c’est-à-dire le moustique tigre, est présent ». Or, à l’orée de l’été 2015, on en comptait une vingtaine, dans le sud, l’est, l’ouest de la France, et même dans certains départements de la région parisienne. Autant dire les deux tiers si ce n’est plus, de l’Hexagone. Les responsables involontaires de cette propagation à la vitesse grand V ? Les vacanciers, tout simplement. Ceux qui, comme pour le chikungunya, partent dans les zones infectées et reviennent porteuses de larves de moustiques tigres, sur leurs vêtements, dans leurs bagages ou leurs cheveux.
12Les autorités sanitaires alertent donc les Français de métropoles amenés à voyager dans les zones à risque élevé, comme la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, mais aussi plus globalement tout le continent américain. Dans la mesure du possible, il vaut mieux ne pas partir, et si c’est inévitable, appliquer à la lettre toutes les consignes de sécurité édictées par le corps médical : s’isoler au maximum sous une moustiquaire, dès que la situation le permet. Fermer portes et fenêtres au maximum. Se couvrir le corps et les cheveux de répulsif, jour et nuit. En cas de fièvre ou de fébrilité, de difficultés à déglutir ou à respirer, se mettre en quarantaine en attendant les soins et la prise en charge appropriés. Car aucun vaccin n’existe à ce jour pour lutter contre ce virus encore jeune (identifié en 1947, il n’a pris une forme épidémiologique qu’en 2007, et depuis, il se propage de plus en plus vite) et très mal connu.
4Si les autorités sanitaires françaises et mondiales ne veulent pas risquer de provoquer une psychose, les récentes découvertes qui lient zika et Gillain-Barré ne leurs permettent plus de se montrer réellement rassurantes : ainsi, « le monde se rend compte que le Zika est cause de mortalité. Pas très élevée, mais oui, il est cause de mortalité », a déclaré lors d’une conférence de presse en début de semaine Martha Lucia Ospina, la directrice de l’Institut national de la Santé (INS), en Colombie, après 3 cas avérés de décès liés au virus, tandis que « six autres décès sont à l’étude et seront vraisemblablement attribués aussi à zika. Et d’autres cas vont apparaître, c’est une certitude », a-t-elle conclu. En Colombie et au Brésil, les gouvernements en place ont même appelé les femmes désireuses d’avoir un enfant à reporter leur projet, de six mois à un an.

 

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Docteur Margaret Chan, directrice générale de l’OMS

« Nous sommes évidemment loin d’être dans le même cas d’urgence sanitaire que les pays les plus touchés », déclare une source proche de Marisol Touraine, la ministre de la santé. « Nous sommes malgré tout en état d’alerte, surtout depuis que l’on sait que c’est un virus qui ne s’attrape pas seulement par piqûre de moustique, mais qui est également sexuellement transmissible. Pire : des chercheurs brésiliens ont aussi détecté la présence du virus sous forme active dans la salive, le sperme et l’urine des patients infectés, ce qui est forcément inquiétant, même si on ignore encore s’il est du coup transmissible par voie orale ou par contact accidentel dans les sanitaires publics, par exemple. La France a un plan déjà prêt, en cas de situation endémique. On en est encore très loin et nous pensons, pour l’instant, que ce moment n’arrivera pas, mais aucun pays n’est à l’abri : les Etats-Unis viennent de signaler un premier cas, au Texas. Alors si jamais cela se produisait, il faudra être extrêmement vigilants sur la prévention, mais aussi l’hygiène dans les bâtiments publics, les dons du sang, les transfusions, etc. Dans les pays les plus touchés, les préservatifs ou la pilule sont aussi momentanément devenus quasiment gratuits, et l’ONU a demandé à ces pays de favoriser, voire d’autoriser quand c’est interdit par la loi, le recours à l’avortement ».

 

En attendant, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a d’ores et déjà décrété une «urgence de santé publique de portée internationale ».

 

 




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