La santé : un thème de campagne pour la présidentielle (1)

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Partie 1 : les propositions de François Fillon, candidat Les Républicains

Pour la campagne de l’élection présidentielle, la santé constitue sans aucun doute un thème de débat important, au cœur des programmes de tous les candidats.

 

1 fillonPour commencer, les propositions de François Fillon, le candidat officiellement investi du parti Les Républicains, ont fait et font encore grand bruit en matière de santé : au sein même de son camp, elles font grincer des dents. Il veut notamment revoir de A à Z le système de santé, et « libéraliser au maximum les dépenses de santé ». Une idée fortement décriée par les partisans de Nicolas Sarkozy et d’Alain Juppé à la primaire de la droite : « La sécu c’est la solidarité nationale pour ceux qui sont malades, François Fillon veut passer à un système de franchises qui vont s’imposer à tout le monde et imposer au malade, à tous les malades, de payer, ce qui est en rupture avec le pacte national de solidarité », estime ainsi le docteur Jean Leonetti, médecin cardiologue et maire d’Antibes Juan Les Pins, porte parole d’Alain Juppé sur la santé.

 

7 fillon« Notre système de santé est fatigué, nos dépenses ne cessent d’augmenter, et dans le même temps on ne cesse d’innover dans le domaine des médicaments comme des techniques », répond à cela Dominique Stoppa Lyonnet, responsable de génétique de l’Institut Curie, professeur à l’Université Paris Descartes, conseillère de Paris et porte parole du candidat de la droite pour les thématiques santé. « Il faut arrêter d’augmenter la dette qui pèse sur les épaules de nos enfants, 31 000 euros par Français, on ne peut pas continuer à faire comme si cela n’existait pas. François Fillon propose donc d’abord la chasse au gaspi, il y a des choses à faire dans ce domaine. Et puis il propose de développer les nouveaux outils qui permettront aussi de faire des économies, comme la télémédecine ou le dossier médical partagé ». Selon le candidat, il faut responsabiliser les patients comme les professionnels, en répartissant moins de charges et de frais de santé sur l’assurance maladie obligatoire, et davantage sur les complémentaires, autrement dit les mutuelles. La sécu ne prendrait plus en charge que les « maladies graves ou de longue durée ». Et c’est cette proposition là qui est peut-être l’une des plus controversées. Ce qui reviendrait à augmenter les cotisations de 300 euros par an et par personne. Autrement dit, selon les détracteurs de François Fillon, une sélection par l’argent. Et des inégalités qui se creuseraient en matière de santé.

 

3 fillonLe candidat propose aussi de créer une Agence de Régulation et de Contrôle. Mais aussi de « pénaliser ceux qui utilisent les urgences de manière anormale » : « Quand vous venez aux urgences de manière régulière pour des raisons qui n’ont rien à voir avec les urgences, il serait normal de vous imposer une participation financière », estimait ainsi le candidat pendant la campagne de la primaire de la droite et du centre, fin 2016. Il propose de créer des maisons de « petite urgence », des maisons de garde, afin de faire participer les médecins libéraux aux permanences de soins tout en évitant aux urgences d’être engorgées par de la « bobologie ».

 

10Autre grosse polémique autour des positions du candidat Fillon sur les questions de santé : l’Interruption Volontaire de Grosse (IVG), c’est-à-dire l’avortement. Il a du clarifier sa position après avoir été pris à parti sur ce thème par Alain Juppé. Estimant qu’à « titre personnel il n’était pas favorable à l’IVG », mais qu’il ne reviendrait pas sur cette loi. Alors que c’est une tendance de fond, dans certains pays occidentaux et notamment chez nos voisins européens, que de revenir sur ce droit (lire notre article sur le sujet) et de modifier la législation en la matière. « Je voudrais rappeler que la loi de dépénalisation qu’a portée Simone Veil, c’était pour éviter la mort des femmes dans des avortements clandestins, et aujourd’hui, dans les pays où ce n’est pas dépénalisé, une femme meurt encore toutes les huit minutes », explique Dominique Stoppa Lyonnet. « François Fillon est catholique, il n’approuve pas l’avortement à titre personnel et philosophique, ce sont ses mots. Mais il est capable de faire la différence entre ses convictions et l’intérêt général. En revanche, François Fillon est résolument opposé à l’assouplissement sur l’avortement, mis en place pendant le quinquennat Hollande, en instaurant un amendement en 2014 qui supprime la notion de détresse en la matière. Il estime qu’il ne faut pas banaliser le recours à l’avortement, qu’il doit rester l’exception et non devenir la règle, et c’est l’esprit de la loi Veil ».

 

6 fillon Enfin, François Fillon s’est distingué par une volonté affichée de réduire drastiquement le nombre de fonctionnaires dans la fonction publique : les 35 heures à l’hôpital restent un débat nourri depuis que la loi est passée, et François Fillon veut, s’il est élu, revenir dessus, pour des semaines de 39 heures a minima. « Sur la fonction publique hospitalière, il faudra faire du cas par cas pour ne pas aggraver les conditions de travail difficiles des personnels soignants. Mais il faut aussi voir ce que peuvent apporter les nouvelles technologies en matière de fonction publique hospitalière administrative. Les fonctionnaires hospitaliers ne sont pas que des soignants, il ne faut pas l’oublier. Et puis il va falloir revoir l’activité des hôpitaux, elle est différente selon les lieux. L’Assistance Publique Hôpitaux de Paris est submergée, ce n’est pas le cas partout loin de là. D’autres le sont moins. L’idée serait donc de revenir à 39 heures tout en évaluant au cas par cas la suppression du nombre de postes. Il ne s’agit pas de brider les infirmières », estime Dominique Stoppa Lyonnet. Cette position étant régulièrement perçue comme une double peine pour les personnels soignants, par les détracteurs du candidat.

 

 




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