La santé : un thème de campagne pour la présidentielle (2)

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Partie 2 : les propositions de Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon

 

Pour la campagne de l’élection présidentielle, la santé constitue sans aucun doute un thème de débat important, au cœur des programmes de tous les candidats. Après les propositions de François Fillon, voici celles de Marine Le Pen pour le Front National, Emmanuel Macron avec son mouvement « En Marche », et Jean-Luc Mélenchon, fondateur de la « France insoumise ».

 

2 le penLa présidente du Front National, Marine Le Pen, s’est faite particulièrement remarquer dans le domaine de la santé par une proposition choc qui fait polémique : un délai de carence pour les étrangers avant de pouvoir accéder à l’accès gratuit aux soins, en France. Pour la candidate bleu Marine à la présidentielle de 2017, « ce délai pourrait être de deux ans par exemple, avant que les étrangers en situation régulière puissent bénéficier du remboursement de la sécurité sociale pour les consultations, les médicaments et les frais d’hospitalisation ». Pour Marine Le Pen, « il semble logique de cotiser d’abord quelques années avant de pouvoir accéder à l’aide médicale d’Etat ». Une idée qui n’est pas nouvelle au FN, puisqu’elle était déjà présente dans le programme du parti en 2012. Mais depuis, les modalités en ont été durcies : initialement, le délai de carence était par exemple de seulement une année. Autre proposition de la candidate Front National : revenir, ou en tout cas a minimas rectifier, la loi Santé de Marisol Touraine sur le tiers payant généralisé pour tous : « je pense que le bilan de cette réforme sera facile à estimer assez rapidement, et s’il est négatif comme je pense qu’il le sera, il faudra revenir dessus », estime-t-elle. En ce qui concerne la fonction publique hospitalière, la 1 le pencandidate FN veut un « rééquilibrage » en faveur de l’hôpital : moins d’agents de l’Etat dans l’administration, davantage dans les établissements de santé : « la dette des hôpitaux a triplé ces dix dernières années, l’hôpital public est au bord de la faillite, les conditions de travail des soignants sont déplorables, leur taux de suicide a explosé », estime la candidate, qui estime que Marisol Touraine a « achevé le malade » avec sa loi santé. Elle réfute toute privatisation des systèmes de soin et toute remise en cause de la solidarité nationale, deux engagements qu’elle financerait donc en excluant les étrangers en situation irrégulière des bénéficiaires pendant le fameux délai de carence. En ce qui concerne la médecine libérale, la candidate fait des propositions que personne ne pourrait refuser, comme l’abaissement de charges pour les médecins de ville pour lutter contre les déserts médicaux. Dans le même ordre d’idées, elle souhaite relever encore le numerus clausus et encourager les stages dans les zones rurales au cours des études de médecine. Enfin, Marine Le Pen souhaite « généraliser plus encore les médicaments génériques, et permettre la vente de médicaments à l’unité ».

 

3 MacronAutre candidat à la présidentielle, autres propositions : celles du candidat hors partis Emmanuel Macron, avec son mouvement libéral de gauche, « En Marche ». Parmi les grandes propositions de l’ancien locataire de Bercy en matière de santé, le remboursement à 100% des soins médicaux à horizon 2022, y compris les dépenses d’optique, dentaires ou auditives. « Réduire la santé à des chiffres ne veut rien dire », a ainsi déclaré le candidat à la présidentielle lors de son déplacement de campagne à Nevers ou encore à Lille, au début du mois de janvier 2017. « L’une des principales préoccupations de nos concitoyens aujourd’hui en France, c’est la santé, et elle constitue un défi, mais on ne répond pas à ce défi en proposant de ne plus rembourser des soins ou en coupant des têtes », a-t-il ajouté, se démarquant ainsi des grandes propositions de François Fillon et de Marine Le Pen en matière de santé. « On ne peut pas répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain avec des mesures d’hier et d’avant-hier ». Le jeune candidat veut s’inscrire dans une ligne de la rupture en matière de santé : un meilleur remboursement de certaines prestations, « car prévenir c’est économiser sur les complications futures », donc, mais aussi un « hôpital hors les dogmes », réformé, modernisé, décloisonné entre public et privé, épaulé par une multiplication des maisons de santé afin de lutter, là encore, contre les déserts médicaux.

 

5 melenchonEnfin, Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la « France insoumise », fait quelques propositions globales en matière de santé : d’abord, « reconstruire le service public hospitalier en revenant à la fois sur la suppression de lits et de personnels, en revenant sur la tarification à l’acte et en engageant un plan pluriannuel de recrutement de médecins, infirmiers, aides-soignants et personnels administratifs ». Il estime que sur le quinquennat Hollande, 16 000 lits ont fermé et 22 000 emplois été supprimés, et propose de les rétablir. Il propose aussi réorganiser les soins avec davantage de centres de santé publics, en créant « un corps de médecins généralistes fonctionnaires rémunérés pendant leurs études afin de pallier l’absence de médecins dans certaines zones » : « Je suis certain que des milliers de jeunes gens sortants des études d’infirmiers ou médecine seraient tout à fait disposés à travailler dans ce cadre, avec un rythme, des conditions et environnement de travail compatibles avec les projets qu’on peut avoir pour soi et sa famille à l’âge de 30 ans ou en fin de carrière », a-t-il ainsi déclaré. Lui aussi est favorable au 6 melenchonremboursement à 100% des soins prescrits, dont les soins dentaires, auditifs ou optiques. Il propose également de supprimer la possibilité de pratiquer des dépassements d’honoraires, ce qui permettrait selon lui d’économiser 8 milliards d’euros. Il souhaite créer des forfaits « patient » sur mesure adapté à chaque malade et à ses pathologies, généraliser davantage encore le tiers payant, développer beaucoup plus qu’aujourd’hui la médecine scolaire et la médecine du travail. En liant santé et environnement, Jean-Luc Mélenchon propose également un vaste « plan de santé et de lutte contre la pollution et les pesticides, la malbouffe et l’obésité liés à l’industrie agroalimentaire,  les maladies sexuellement transmissibles, la souffrance au travail et le stress ». « Dans la santé, il faudra faire tout autrement dès que possible. Pour l’instant c’est le règne du bavardage au sommet de l’État », a ainsi conclu Jean-Luc Mélenchon pendant la forte épidémie de grippe qui a frappé la France cet hiver.

 

 




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