Noël : les jeux virtuels sont-ils dangereux pour la santé ?

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Il en existe de plus en plus, et ils font fureur chez les enfants, qui en ont parsemé leurs lettres de vœux au Père Noël : les jouets robotisés programmables, ou à construire, peuvent prendre la forme d’un robot, d’une peluche, d’un mécano… Son ancêtre ? Le jouet à télécommande… sauf que ce jouet là, que l’on appelle le « coding », prend ses instructions directement de l’enfant : aller à droite, à gauche, mais aussi s’activer au réveil, et même obéir à des ordres donnés à distance par téléphone portable…. Ils existent à partir de 6 ans, et possèdent des avantages, bien sûr, comme la stimulation de la créativité.

 

Mais les médecins mettent en garde les parents,  ces jouets « nouvelle technologie » se banalisent dans la vie des plus jeunes à grands renforts de publicité, mais ce n’est pas sans danger pour les enfants. « Télés, tablettes, smartphones, casques de réalité virtuelle causent de plus en plus de retards de langage chez les enfants. On voit arriver un jeune public qui, pour de plus en plus de petits, parlent peu, papillonnent entre les activités et n’arrivent pas à fixer leur attention sur une tâche en particulier. Ou encore, ils ne comprennent pas les consignes simples, sont trop agités, pleurent beaucoup, ne tolèrent pas la frustration ou au contraire sont repliés sur eux-mêmes… et c’est vraiment un ensemble de comportements de plus en plus fréquent, et quand on pose la question aux parents, on se rend compte qu’ils sont exposés plusieurs heures par jour à des écrans », explique Pierre, orthophoniste en région parisienne.

 

Un collectif de pédiatres, orthophonistes et psychologues, a créé « Cose», pour aider les parents. « Les témoignages sont très nombreux à nous parvenir », explique Léa, orthophoniste et membre du collectif. Et ils sont édifiants… du type : « Notre fils est sur tablette et Smartphone depuis l’âge de 12 mois. Il présente des troubles du spectre autistique diagnostiqués par le pédopsychiatre de l’hôpital. Le week-end, il ne manque que dans sa chambre avec sa tablette et ne parle pas ». Etc… « Ce sont des effets négatifs réversibles, c’est-à-dire que le jour où les écrans sont arrêtés totalement, et il vaut mieux les arrêter totalement d’un seul coup, les enfants se remettent à jouer, à parler avec leurs parents… cela peut-être long, une semaine, deux, ou plus encore, durant lesquelles les enfants vont pleurer, mais ils finissent toujours par s’apaiser, se calmer, et leur développement peut reprendre normalement. Et il y a une règle simple : quelques dizaines de minutes par jour, pas plus. Pas d’écran avant l’âge de 3 ans, et pas de console de jeux avant 6 ans », poursuit Léa.

 

Les plus jeunes ne sont pas les seuls à être exposés à des risques pour leur santé, même si ce sont les plus vulnérables. Les adolescents, les jeunes adultes, accros au « gaming », peuvent aussi finir par souffrir de certaines psychoses, névroses, ou troubles du comportement, à force de jouer, parfois plus de 24, voire 48 heures d’affilée pendant des sessions où ils ne sortent pas, se nourrissent mal, voire pas du tout, et fixent un écran sans pauses ou très peu. Ces « birge gaming », ou littéralement, « bitures de jeux vidéos », peuvent même provoquer des catatonies ou des accidents cardiovasculaires, pas directement liés aux écrans mais à la fatigue, la malbouffe, la prise de stupéfiants pour « tenir » sur la durée, et la consommation à fortes doses de sodas très sucrés. «  Il faut absolument que les gros joueurs s’imposent des pauses même sur les jeux en ligne où ils font face à d’autres joueurs. Il faut conserver un équilibre avec ce qu’on a d’autre dans sa vie, les études, le travail, le sport, essayer de ne pas trop perdre la notion du temps, de se ménager des jours sans toucher du tout à son ordinateur, d’arrêter quand on réalise qu’on fait passer les jeux vidéos avant d’autres choses plus importantes comme la famille ou le travail », conseille l’Institut Fédératif des Addictions Comportementales.

 

Dans les maisons de retraite en revanche, les gériatres conseillent d’encourager les « silver games », des tournois de jeux vidéos pour seniors : cela permet aux résidents âgés d’entretenir leur corps, de bouger leurs bras, leur torse, et même parfois de jouer debout en s’amusant sur des consoles avec manettes ou type Wii. Cela crée aussi du lien social entre les personnes âgées… de plus en plus d’EHPAD y ont recours pour entraîner le corps et la mémoire de leurs patients. L’idée fait aussi son chemin dans certains centres de réadaptation et de rééducation pour adultes handicapés après un AVC ou un traumatisme crânien : la technologie dite immersive, où tout est virtuel, permet aux patients de travailler sur leurs séquelles, de retrouver leur autonomie en faisant croire à leur cerveau, par exemple, que leurs deux bras fonctionnent normalement. « Le gros intérêt de ces techniques c’est qu’elles sont faciles à mettre en œuvre, sans effet secondaire… mais elles complètent les techniques de rééducation conventionnelle, elles ne s’y substituent pas », explique un médecin chercheur de l’Institut Césame, un pôle parisien internationalement reconnu dans l’étude du fonctionnement cérébral.

 

La technologie est enfin de plus en plus prisée dans les facultés de médecine, où les étudiants s’entraînent à opérer en « entrant » dans un monde en 3D où le patient ne risque rien… preuve que les écrans et le numérique ne sont pas diabolisés par les personnels de santé. « Il faut simplement rester très vigilant », concluent les médecins du collectif Cose. « Travailler sur des cas réels mais dans un environnement virtuel, ce sont des missions parfaites pour former les internes par exemple, certains hôpitaux suisses travaillent déjà avec ces types d’applications pour entraîner leurs étudiants de dernière année. Ils ont aussi un score par rapport à leurs collègues et ce type de challenge, pour des métiers sérieux, doit être considéré comme un bon outil. Le numérique ne fait pas que des mauvaises choses, bien au contraire. Il peut aussi, avec ces technologies immersives, permettre aux patients de travailler sur leurs phobies et d’en guérir ».

 

En résumé, un cadeau à offrir davantage à votre neveu en fac de médecine, à votre grand-tante en maison de retraite, ou à un proche qui tente de guérir de séquelles neurologiques, qu’à un enfant ou un adolescent, conseillent les médecins.

 

 




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