8 Français sur 10 ne connaissent pas les gestes qui peuvent sauver : formez-vous !

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1Nous sommes 80% de Français à avouer être incapables de prodiguer les gestes qui sauvent à un proche, ou à quelqu’un près de qui nous pourrions nous trouver, dans les transports en commun, au supermarché, dans la rue, au travail ou à l’école. Pourtant, selon une grande campagne d’information lancée ces jours-ci, les risques de la vie quotidienne n’ont jamais été aussi nombreux… et tandis que la menace terroriste reste à son niveau le plus élevé en France, trois grands acteurs de la prévention des risques, de la santé et de la sécurité ont décidé d’inciter chacun à se former à ces réflexes qui peuvent tout changer.

 

4Les sapeurs pompiers, la Protection Civile et la Croix Rouge expliquent en effet que « le citoyen lambda est souvent le premier maillon de la chaîne des secours, on l’a nettement vu lors des attentats de novembre 2015 en France au Bataclan, aux terrasses ciblées par les terroristes et à Saint-Denis. On l’a aussi observé à Nice en juillet 2016, et avant cela en Allemagne et en Belgique lors des attentats dans le métro, ou les aéroports. Si le réflexe numéro 1 reste évidemment de téléphoner aux secours en composant les numéros d’urgence, avant quoi que ce soit d’autre, connaître les gestes qui sauvent pour pouvoir commencer à agir efficacement auprès de la personne en état de détresse peut se révéler décisif. Nous mettons en moyenne 10 à 15 minutes pour arriver sur les lieux où se trouve une victime, c’est très long quand le pronostic vital est engagé, et ces minutes, malheureusement incompressibles car nous ne possédons pas encore le don d’ubiquité, peuvent être cruciales. Si chacun d’entre nous savait quel comportement adopter, les chances de survie des victimes seraient démultipliées ».

 

Or, aujourd’hui, seulement 1 Français sur 5 a déjà suivi une formation aux premiers secours. Par exemple, le massage cardiaque, le bouche à bouche, la position latérale de sécurité… « 2 millions de Français sont concernés chaque année par un accident cardiaque, et un quart de ces personnes n’y survivent pas, alors que dans 70% des cas, cela survient devant témoin. Parmi ces décès, une majorité aurait pu être sauvée par un massage cardiaque qui permet à la victime de rester oxygénée, et donc de limiter les séquelles sur le cerveau. De la même manière, la loi impose des défibrillateurs dans les lieux publics, il y en a 100 000 installés dans les transports, les écoles, les bibliothèques, les gymnases etc… Ces appareils sont faciles à utiliser et sont équipés de commandes vocales pour guider la personne dans l’assistance qu’elle porte à celle qui est en danger. Or, les sondages révèlent que la plupart des Français hésiteraient à s’en servir en cas de besoin, de peur de ne pas savoir. Il faut décomplexer les gens par rapport à ça et leur expliquer à quel point ce type d’appareil, qui peut être manié même par un enfant, peut se révéler utile pour sauver des vies », explique un Sapeur Pompier formateur, du SDIS de Villeneuve-Loubet, près de Nice, où se déroule un stage avec une vingtaine de volontaires.

 

« Voilà, vous allongez la personne pour éviter que cela s’aggrave, c’est bien, vous faites le point de compression pour arrêter le saignement et vous appelez les secours ». Ils sont de tous les âges, de tous les milieux sociaux, ceux qui assistent à la formation. Mais ils ont tous la même motivation : ne pas se retrouver démunis face à une situation de détresse : « Lors des attentats de Nice, sur la promenade des Anglais, on a vu beaucoup de personnes attroupées autour des victimes, mais qui ne savaient pas quoi faire, qui auraient voulu aider mais qui ne savaient pas comment. Ces images m’ont traumatisée, c’est pour cela que je suis là », raconte une stagiaire. « On s’est dit que ça pouvait arriver n’importe où et pas seulement à Paris », explique une autre. « Moi je suis professeur des écoles et c’est vrai que dans mon métier, je me dis que si ça devait arriver dans mon établissement il faudrait absolument que nous puissions le gérer, mettre de côté notre stress et être à la hauteur pour les enfants ». Elle a d’ailleurs emmené son fils de 7 ans, qui joue les victimes consentantes… Très conscient, pour son âge, de l’importance d’être formé : « moi je suis souvent gardé par mes grands parents, et mon papy a des problèmes de cœur, je veux pouvoir l’aider s’il lui arrive un truc », analyse-t-il avec ses mots d’enfant.

 

6Pour les professionnels, secouristes, urgentistes, médecins, pompiers… l’appui des anonymes est essentiel : « Souvent quand nous intervenons, les gestes simples ne sont pas faits parce que les gens ne sont pas formés, ils n’ont pas les connaissances… et c’est vrai que nous quand on arrive sur place, on trouve ça vraiment dommage parce qu’il y a des choses vraiment simples et faciles à faire qui permettraient de sauver des vies si la population était formée : stopper correctement une hémorragie, sécuriser des victimes, garder quelqu’un en pleine conscience en lui serrant les mains, en l’obligeant à parler, en lui parlant fort… Beaucoup de gens pensent qu’il faut systématiquement faire un garrot alors que ça n’est pas forcément le bon geste, ils ne savent pas comment compter, masser ou souffler pendant un massage… Ce qui est important aussi pour nous, c’est que la majorité des participants qui font cette première démarche de formation veulent ensuite aller plus loin, et décident de passer leur brevet de secourisme, ou mieux, de devenir pompiers volontaires », reprend le formateur.

 

10La campagne d’information, baptisée « Adoptons les comportements qui sauvent », met aussi l’accent sur les accidents domestiques, qui causent la mort de 20 000 personnes chaque année en France, plus particulièrement chez les enfants et les personnes âgées qui représentent les deux tiers des décès. Au total, environ 11 millions d’accidents domestiques se produisent chaque année et causent, quand ce n’est pas la mort de la victime, des séquelles graves ou irréversibles : chûtes, brûlures, hydrocution, incendies, coupure, hémorragie, inondation… Autant de situations dans lesquelles il est important de savoir comment réagir de manière efficace : faire un garrot, du bouche à bouche, un massage cardiaque, savoir calfeutrer une pièce, faire évacuer ceux qui nous entourent, immobiliser une victime de chute, etc… Enfin, ces gestes peuvent aussi sauver des vies sur la route : 3700 personnes environ meurent dans un accident de voiture ou de moto en France, chaque année. Pour plus d’information : consultez les gestes qui sauvent. Ces formations sont gratuites, accessibles dès l’âge de dix ans, elles sont dispensées chez les pompiers et à la protection civile. Vous pouvez aussi demander à votre employeur de suivre cette formation dans le cadre de votre travail.

 

 




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