SOS médecins : des services débordés

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« SOS médecins bonsoir ? Vous avez pris des médicaments madame ? Ne quittez pas, je vous passe un médecin ». Ils traitent la grande majorité des appels parvenant au SAMU… Jeunes parents d’enfants malades, personnes âgées affaiblies, intoxications alimentaires, mais aussi des adultes ou des adolescents en grande souffrance psychologique. Chez SOS médecins, on traite l’urgence, mais on désamorce aussi parfois des tentatives d’actes désespérés… Il faut savoir aussi bien se comporter en praticien expérimenté, qu’en simple interlocuteur patient et à l’écoute. Ce qui n’est pas toujours possible. Car partout en France, les services de SOS médecins sont débordés : les effectifs sont restreints et le nombre d’appels explose.


9 fausses alertes pour 1 cas grave

« C’est le début de la soirée, et il y a déjà 67 appels en attente. C’est de la folie ! », s’exclame le coordinateur du service, à Marseille. L’un des médecins part dans le 7e arrondissement. Un vieux monsieur ressent une douleur fulgurante dans la poitrine. Après un électrocardiogramme peu inquiétant, une lettre est rédigée pour le médecin traitant… Le patient doit rappeler s’il ressent la moindre évolution dans la nuit.

« Ce sont des gens inquiets, mais qui n’ont rien d’alarmant », explique le médecin de retour au volant de son véhicule.
« On sillonne les quartiers de la ville, seul, en pleine nuit, mais c’est le jeu. Pour 9 cas de fausse alerte, il y a un cas grave, on applique au maximum le principe de précaution. Tous les médecins qui travaillent la nuit le font par choix. Et puis, on ne travaille pas non plus tous les soirs. C’est surtout pendant les périodes de canicule ou les épidémies, qu’on est sur le pont tout le temps.»


SOS médecins plutôt que les Urgences

Un autre médecin, lui s’est rendu au chevet d’un bébé manifestement déshydraté. Appeler SOS médecins plutôt que de se rendre aux urgences ou dans des maisons médicales, c’est le choix que font de plus en plus de Français. Le délai d’attente est moins long, le praticien se déplace à domicile, le surcoût est remboursé par la Sécurité Sociale. Et puis, il y a les patients qui font quand même le déplacement… mais jusqu’à la salle d’attente du local de SOS médecins.

« Je préfère ça plutôt que les hôpitaux », explique Marie, maman d’un petit bout fiévreux. « Ils sont plus humains, ici, moins expéditifs. C’est peut-être un a priori, mais je les trouve aussi plus professionnels. Ce sont des médecins expérimentés, alors qu’aux urgences on tombe presque tout le temps sur des internes qui tâtonnent et se trompent de diagnostic une fois sur deux« . Tous les quarts d’heure débarquent de nouveaux patients, reçus par les deux médecins d’astreinte, tandis qu’au standard, un autre docteur régule les appels reçus par les secrétaires. En moyenne, une antenne de grosse ville compte entre 20 et 30 médecins titulaires ; épaulés en ces périodes de congés par des remplaçants.


De moins en moins de médecins de garde

6 heures du matin : après une nuit de travail, c’est la tradition, tous les collègues de SOS médecins Marseille se retrouvent dans un petit bistrot qui ouvre à l’aube. C’est leur quartier général pour décompresser.  « Nous tournons 24 heures sur 24, 7 jours sur 7″, explique l’un des praticiens. Le dimanche, plus encore que tous les autres jours de la semaine, l’association est en plein boom, « Nous pouvons être jusqu’à 13 par tranche horaire ».
« Malheureusement, de moins en moins de médecins acceptent de faire des gardes », déplore l’un des membres de l’association depuis plus de dix ans. « Je ne devais pas travailler hier, par exemple, mais j’ai du remplacer au pied levé un confrère qui s’est désisté au dernier moment. Pour la vie de famille, ça n’est pas toujours évident, on a intérêt à avoir un conjoint compréhensif ! »


Un métier passionnant exercé par des passionnés

Dans le Nord, l’association compte trois cabinets libéraux à Lille, Roubaix et Dunkerque, pour assurer les appels de tout un département non stop. Des habitants de HLM, des clients d’hôtels de luxe, des étudiants, des maisons de retraite… « Pour nous, la nuit, il n’y a plus de distinctions sociales, ils sont tous dans la même souffrance, et on peut passer d’un foyer d’accueil à un hôtel particulier en quelques minutes ! », raconte, amusé, le gérant de SOS médecins Lille. « C’est aussi ça qui est passionnant, dans ce métier. C’est bien plus intéressant que d’être médecins généraliste, dans son petit cabinet, avec toujours les mêmes patients, ou bien urgentiste à l’hôpital, où on n’a que la misère du monde ! Nous, on a de tout, chaque jour est différent. »


Un service de santé indispensable

Mais aujourd’hui, avec les coupes sombres dans tous les budgets de la Santé, les équipes de SOS médecins craignent de voir leur raison d’être disparaître, qu’on supprime les permanences de nuit ou encore, que la Sécurité Sociale cesse de rembourser leurs actes. Les enfants seraient les premières victimes de ce type de réorganisation, car les actes de pédiatrie représentent plus de 40% de l’activité des interventions à SOS.

L’Agence Régionale de Santé argumente : il y a trop peu d’activité, la nuit. Pourtant, entre minuit et huit heures, il y a toujours au moins une quinzaine d’appels. « Nous contribuons à éviter d’engorger les urgences encore davantage qu’elles ne le sont », plaide le gérant de SOS Dunkerque. « La plupart des maux que nous traitons peuvent se régler à domicile ou dans nos locaux, avec une simple piqure ou une ordonnance. Nous voulons pouvoir continuer à faire notre travail, nous rendons un vrai service, et ça ne couterait pas moins cher de nous supprimer, bien au contraire ! »




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